Appuyer les personnes immigrantes lors de l’insertion en emploi 

Consulter les pistes d'action proposées

 

Mise en contexte et constats

Une insertion économique réussie est un vecteur important d’inclusion et de rétention au sein d’une communauté, en plus de contribuer au bien-être, en particulier lorsque l’emploi occupé correspond aux expertises et aux aspirations de la personne immigrante. 

Les services en emploi revêtent ainsi une importance particulière. Hyppolite (2012) soutient qu’obtenir un bon emploi est le principal élément qui permet une intégration réussie des personnes immigrantes. Selon elle, la priorité du nouvel arrivant est d’abord de trouver un revenu pour faire vivre sa famille et, par la suite, il peut penser à s’intégrer davantage dans sa nouvelle communauté. 

Il ressort de la recension des écrits que les personnes immigrantes francophones font face à de nombreux défis dans le cadre de leur intégration économique. Parmi ces défis, plusieurs s’appliquent également à l’ensemble des personnes immigrantes, comme la non-reconnaissance des diplômes, le manque d’expérience de travail canadienne et des préjugés concernant le statut d’immigrant. Une maîtrise limitée de l’anglais et des expériences de discrimination liées à l’accent ou à l’appartenance à un groupe de minorité visible sont des défis supplémentaires récurrents pour les personnes immigrantes francophones. De plus, ces défis viennent complexifier ceux partagés par le groupe majoritaire. Par exemple, les possibilités de réussir un processus de reconnaissance des acquis se révèlent plus limitées lorsque les compétences en anglais n’atteignent pas un niveau intermédiaire ou avancé. Or, comme le rappelle Hyppolite (2012) pour une intégration socioéconomique réussie, il est nécessaire que le nouvel arrivant ait accès aux mêmes possibilités d’emploi que les autres individus avec des compétences similaires.

Il va de soi que les services d’établissement ne peuvent régler l’ensemble des problèmes auxquels sont confrontées les personnes immigrantes dans leur parcours, mais l’accès à des services en français en employabilité est un facteur, parmi d'autres, qui contribue à une insertion professionnelle réussie (Ba, 2018). 

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Les travaux menés par le CCNÉF précisent également un certain nombre de constats concernant l’appui des personnes immigrantes lors de l’insertion en emploi :

  • Les employeurs sont souvent parmi les premiers contacts locaux des personnes immigrantes. La littérature reconnait d’ailleurs que les initiatives d’intégration en emploi engageant directement les employeurs présentent plusieurs avantages. Toutefois, les employeurs connaissent peu les ressources, en particulier celles en français, qui favorisent l’intégration de leur personnel immigrant francophone et les services en emploi les mobilisent peu ;
  • De nombreuses activités de sensibilisation des employeurs sont offertes par le Réseau de développement économique et d’employabilité et ses membres. Il serait pertinent d’en vulgariser l’offre à un plus grand nombre d’employeurs. Ces activités concernant notamment les avantages d’embaucher des personnes immigrantes, la diversité ethnoculturelle en milieu de travail et la valeur de la formation et de l’expérience obtenues à l’étranger ;
  • Les initiatives de stage, d’accompagnement et de mentorat en milieu de travail sont appréciées et reconnues comme efficaces, mais elles gagnent à être mieux déployées et mieux encadrées ;
  • Les services en employabilité en français contribuent de manière positive au parcours d’intégration francophone. Toutefois, les personnes immigrantes apprennent souvent l’existence de ces services d’employabilité sur le tard, plutôt qu’au moment où ils en auraient le plus besoin ; 
  • Des services existent pour l’accompagnement des employeurs et des employés pour la rétention des nouveaux arrivants. Toutefois, ceux-ci gagneraient à être listés et renforcés par province et territoire pour en accroître la visibilité et la portée ;
  • Des services en emploi gagneraient à se spécialiser pour être en mesure de mieux guider les personnes immigrantes vers certaines professions ciblées ;
  • Il importe de poursuivre et développer les événements tels que Destination Canada qui permettent de connecter des employeurs avec des candidats potentiels. Toutefois, il serait pertinent d’adapter ce type d’initiative à l’Afrique subsaharienne. Il serait aussi pertinent de bonifier les mesures en place pour connecter les employeurs avec des personnes immigrantes à la recherche d’un emploi, avant et après l’arrivée ;
  • La reconnaissance des acquis et son accessibilité en français gagnent à être plus soutenues par les provinces, par les associations professionnelles et par le biais de la diffusion de pratiques exemplaires ;
  • Les services en entrepreneuriat contribuent de manière positive au parcours d’intégration francophone. L’offre de ces services en entrepreneuriat pour les personnes immigrantes demeure toutefois limitée, en particulier hors des grands centres ;
  • Du financement pour encourager l’entrepreneuriat chez les personnes immigrantes existe, mais cela est méconnu. De plus, le financement est parfois insuffisant pour le démarrage d’entreprise et il n’est pas disponible dans l’ensemble des provinces et territoires.
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Pistes d’action proposées

Partant de ces constats et des travaux du CCNÉF, diverses pistes d’action ont été suggérées. Seules certaines de ces pistes d’action relèvent de la responsabilité du ministère IRCC et pourront faire l’objet de recommandations.

Les principales idées proposées sont les suivantes

  1. Développer un portail de l’emploi francophone ;
     
  2. Mettre en place un programme offrant des incitatifs financiers pour l’embauche de nouveaux arrivants francophones ;
     
  3. Sensibiliser les employeurs aux avantages d’embaucher des travailleurs étrangers et des nouveaux arrivants bilingues ou francophones ;
     
  4. Développer davantage de formations relais et en élargir l’offre à l’échelle du pays ;
     
  5. Offrir des programmes d’accompagnement en français plus adaptés en emploi et pour l’entrepreneuriat ;
     
  6. Accroitre la visibilité des services auprès des employeurs et des personnes immigrantes ;
     
  7. Informer et offrir un accompagnement pour le rachat d’entreprises locales ;
     
  8. Simplifier et élargir les processus de reconnaissance des acquis.

Les travaux du CCNEF se poursuivent pour avancer les pistes d’action vers des recommandations